LE GRENIER GENEALOGIQUE - ETUDE DU PATRONYME "JEULIN"

 

 

  

 



Origine du Patronyme



Le Grenier Généalogique
Juin 2017

Le patronyme "Jeulin" est souvent interprété comme une variante de "Julien". 

C’est le cas d’Albert Dauzat qui, dans son "Dictionnaire des noms de famille" (Larousse, 1951) interprète "Joulin", "Joullin", "Jeulin", "Jeullin" et "Jeullain" comme une altération de "Julien". 

Cela semble peu vraisemblable à l'Abbé Vilette. Le "u" latin donne "u" et a peu de chances d’évoluer en "ou" en "eu". Nous ne trouvons pas de "Jeules", ni "Jeulien" pour "Julien". Du reste, il remarque que les régions qui connaissent des "Jeulin" connaissent également des "Julien".

Il faudrait plutôt partir du thème anthroponymique germanique "gaut-" qui se rattache au nom du peuple gothique et se présente aussi sous les formes "gauz-"   et "goz-". Il y a, par ailleurs, sept grands types d’hypocoristiques germanique : "-ing", "-o", "-lo", "-ko", "-in" (type "Gaudin" très répandu comme patronyme et toponyme), "-kin" (que nous retrouvons dans "Hennequin" et peut-être "Arlequin"… ) et "-lin" (suffixe très vivant chez les Francs).

La finale serait donc celle des hypocoristiques en "in" mais sous la forme "-lin" sentie probablement davantage comme diminutive ("Fraülein" signifie "mademoiselle" en allemand, "Pflimlin" signifie "petite prune" en Alsace, "Cochelin" signifierait en Beauce "petit gateau"…).

"gauz-lin" serait "petit Gauzo", "petit Gaudo". 

Marie-Thérèse MORLET donne plus de 80 formes dérivées de "gauz-lin" dont : "Gautelinus", "Gauzlinus", "Gauzlenus", "Gancelinus", "Gozlinus", "Goscelinus", "Josselibnus", "Jocelinus", "Joslenus" et "Jodolenus" . 

"Jeulin", témoin peut-être de la vogue des noms germaniques à l’époque féodale, serait donc une variante dialectale de "Gosselin" et "Josselin".

En francien, "g" donnerait souvent "j" (par exemple "gaudia" => "joie", "gart-" germanique " ð "," jardin"). Il n’est donc pas étonnant de rencontrer à côté de "Gosselin" des patronymes plus franciens "Josselin", "Jousselin" voire "Jusselin".

L’aboutissement "Jeulin" pourrait s’imager selon deux processus :

Gaudo-lin

=>

Jodo-lin

=>

Joulin, Jeulin

Gauz-lin

=>

Jousselin, Jeusselin

=>

Joulin, Jeulin
par réduction de "s"
toponymes JEUSSELIN nombreux en Mayenne

Il est à noter qu’un évêque Gozlin défendit Paris en 885 contre les Normands. Il semblerait que les toponymes issus du patronymes "Gosselin" sont plutôt situés en région normande et aussi dans le Hainaut alors que le reste du pays d’oïl connaît les formes en "j".

La forme réduite "Jeulin" est présente dans le toponyme sur une bande relativement courte au sud de Paris de la Mayenne à l’Yonne : "La Jeulinière" à Bouère en Mayenne, "La Jeulinière" à Eveillé et "Les Jeulinières" à Tresson (en 1750) tous deux dans la Sarthe (F 72) "Les Jeulins", hameau en 1745 de Piffends (ville proche de Courtenay) dans l’Yonne.

Il est à noter que, sur le plan toponymique, ce territoire se trouve en pleine zone d’influence germanique, zone mise en évidence par des noms de lieux construits sous la forme "adjectif + nom" (par exemple : Bonneval, Claivaux, Francheville, Neufchatel, Neuville, Rougemont) par opposition aux noms construits de façon inverse (par exemple : Valbonne, Vauclair, Villefranche, Chatelneuf, Villeneuve, Montrouge).


Le Grenier Généalogique - Juin 2017